Parce que son sang contient des anticorps rares, James Harrison, surnommé « l’homme au bras d’or », a donné 1 173 sangs en 60 ans. Un record du monde.
En 60 ans, James Harrison n’a jamais manqué cet événement régulier. Toutes les deux semaines depuis 1967, cet Australien a donné 800 millilitres de plasma sanguin.
Et vendredi 11 mai, l’octogénaire a fait son 1 173e et dernier don. Il n’est plus possible de donner du sang après 81 ans en Australie.
« L’Homme au bras d’or » prend donc une retraite bien méritée et espère voir son record battu « car cela signifiera que d’autres se dévouent à la cause », comme il l’a dit lors de son dernier don.
« 3 millions de doses de médicaments fabriqués depuis 1967 »
Si James Harrison a donné autant de sang, c’est parce qu’il contient un ingrédient précieux, seul traitement préventif de la maladie hémolytique du nouveau-né.
Cet anticorps, l’immunoglobuline anti-D, est utilisé pour fabriquer un médicament destiné aux femmes enceintes dont le sang est incompatible avec celui de leur bébé.
Une injection d’anti-D aide à empêcher le système immunitaire de la mère de développer des anticorps contre les globules rouges du fœtus.
Si rien n’est fait, la mère fabriquera des anticorps qui resteront dans son corps et qui pourraient s’avérer très dangereux pour l’enfant à naître ou lors d’une future grossesse, exposant l’enfant à des lésions cérébrales importantes voire à une anémie mortelle.
Entre 1967 et 2015, les dons de James Harrison ont permis de fabriquer la totalité des doses d’anti-D utilisées en Australie – plus de 3 millions. Sa fille l’a reçu pendant sa grossesse.
« Très peu de gens ont ces anticorps, et ils sont particulièrement nombreux à James », expliquait en 2015 le porte-parole du service du sang de la Croix-Rouge australienne.
Son corps produit beaucoup, et plus il donne son sang, plus son corps en produit. Cela fait de lui un cas exceptionnel ».
Et le besoin est grand puisque près de 17% des femmes enceintes en Australie ont besoin d’une injection d’Anti-D. En conséquence, le nombre de décès d’enfants a été divisé par 100, atteignant 0,01 décès pour 1 000 naissances. En France, 90 000 femmes seraient concernées chaque année.
Cet attrait pour le cadeau, James Harrison, a son histoire. À l’âge de 14 ans, il a subi une intervention chirurgicale majeure, qui a nécessité des transfusions sanguines.
C’est alors que lui vient l’envie de devenir donneur, malgré la peur des piqûres. Quatre ans plus tard, alors qu’il fête ses 18 ans, il commence à donner du sang.
Mais il faudra encore une décennie aux médecins pour découvrir qu’il contient un anticorps rare nécessaire à la fabrication de doses d’Anti-D.
Au cours des années 1990, il a rejoint le premier programme mondial de collecte de plasma Anti-D. Il a depuis été rejoint par 200 donneurs dont le sang a des avantages similaires.